Hammady Cherif Bah, de la passion aux métiers de journaliste (interview)

C’est un produit de la formation guinéenne. Il est issu de la 2ème promotion de l’Institut des Arts de Guinée. Dans cet institut, il opte pour la musicologie en intégrant la filière composition et arrangement.  Durant son cursus, Hammady réussit à fédérer les départements de l’ISAG en créant l’association phare interculturel. Ces étudiants vont travailler ensemble pour réaliser un film (fiction) de 15mn. C’est le début d’une passion. L’amour de l’audiovisuel commence chez notre invité.   

Après ses études à l’institut, le jeune homme propose une émission art pluriel au groupe de presse Gangan radio/tv. Il trouve un ‘’allié’’ au sein de cette entreprise. A cette époque, le directeur M. baba ‘’adopte et encadre’’ Hammady. Ses potentialités dans le métier sont exploitées et mises en valeur. Il est encouragé par son directeur à pratiquer le journalisme en plus de son émission. C’est là-bas qu’il effectue son tout premier reportage radio. Il s’accroche en se formant de plus en plus dans le domaine. Un jour, Hammady croise l’association reporters solidaires. Elle milite dans la formation des journalistes en Afrique francophone. C’est l’occasion pour le jeune journaliste d’approfondir ses compétences en journalisme. Il décide finalement de quitter Gangan TV alors qu’il était le chef des éditions de la rédaction politique pour se perfectionner en France. Aujourd’hui, il conseille les jeunes guinéens désirant évoluer dans le journalisme.

’On n’est pas obligé de sortir d’une école de journalisme pour être journaliste mais le journalisme c’est un métier comme les autres qui nécessite une formation, des mises à jour, des connaissances. Donc, il faut accepter de se former. Il faut persévérer et aimer ce métier pour le faire parce que ce n’est pas facile. Mais, vous savez, quand on aime ce métier on réussit. La passion ignore la douleur’’.

Bah Hammady Cherif est journaliste reporter d’image (JRI) et documentariste indépendant. Il réside en France depuis 2015. Voici notre entrevue. Bonne lecture !

AFALADE : Vous êtes président de l’association Phare interculturel, présentez-nous cette association. Quels sont ses objectifs ?

H.C.B :Phare interculturel existe depuis 2018. C’est une association qui fait l’objet d’une webtv et qui traite des thématiques liées au genre, à l’immigration, à l’environnement, à la société civile et à la culture à travers des regards croisés entre ce qui se passe au nord (la France, le pays qui m’héberge aujourd’hui) et ce qui se passe au sud (la Guinée mon pays d’origine). Nous jouons dans cette association le rôle social du journaliste. Nous proposons des pistes de solution aux personnes qui n’en ont pas dans le but de leur dire voici ce qui existe mais à adapter aux réalités du territoire. Nos thématiques sur les reportages peuvent déclencher des idées de solution face à des problématiques du quotidien.

AFALADE : Vous êtes par ailleurs membre de l’association reporters solidaires, est-ce que les reporters sont vraiment solidaires et quelles sont vos actions sur le terrain ?

H.C.B :Reporters solidaires c’est une association franco-africaine qui a été créée à la demande des guinéens. Madame Saran Touré est la vice-présidente de cette association qui existe maintenant depuis plus de 10ans. Alors oui les reporters sont solidaires. L’association s’inscrit dans une dynamique de formation entre pairs. Elle milite beaucoup pour la formation des journalistes francophones notamment en Afrique de l’ouest (Mali, Guinée, Burkina-Faso…). Personnellement, c’est à travers cette association que je suis parvenu à venir suivre mes masters en France. L’association mène aussi des actions au Maroc. Elle est très active dans tout ce qui est éducation aux médias notamment dans les écoles élémentaires et lycées. Elle informe les jeunes à tout ce qui est lié à la liberté d’expression, la liberté de la presse, les enjeux de ces libertés à conserver.

AFALADE : Vous êtes producteur, vous avez fondé votre société en quelle année et quelles sont vos visions et les activités que vous y menez?

H.C.B :Je suis le président de Daygou vision prod, une société implantée en France depuis 2018. Au sein de cette société nous faisons des vidéo-clips, des reportages pour des associations et particuliers. L’objectif sur le long terme est d’agrandir l’entreprise en vue de produire davantage des films documentaires, trouver des filiales et s’implanter en Guinée. Liée surtout notre webtélé à cette société de production, créer du contenu qui sera diffusé pour d’autres entités (clients) qui le souhaiteront. On espère également vendre nos produits aux télés africaines et françaises. Par le passé j’ai eu à travailler avec télé Lyon métropole TLM où j’ai fait de la production et la réalisation de quelques émissions.

AFALADE: Vous résidez depuis 2015 en France, comptez-vous rentrer un jour en Guinée ?

H.C.B :J’ai quitté la Guinée dans le cadre d’un projet professionnel. A l’issue de deux (2) ans de formation professionnel avec reporters solidaires nous étions une trentaine de journalistes qui ont eu l’opportunité de suivre des sessions de formation. Je ne savais pas que le but de ce projet était d’octroyer des bourses d’étude à quatre journalistes guinéens. Deux amis sont venus étudier et sont repartis. Moi je suis venu suivre des formations dans le cadre du journalisme. Je vais souvent en Guinée et lors de mon master2 en journalisme international numérique j’avais l’obligation de faire un stage de quatre (4) mois à l’étranger. Au lieu de choisir la Belgique, la Suisse ou un autre pays européen par exemple je suis reparti travailler en Guinée au sein du groupe HADAFO MEDIAS. Chapeauté par le directeur de HADAFO REGIE Thierno Souleymane Diallo, j’ai réalisé deux courts documentaires. Je repars souvent en Guinée. Je veux créer ce pont entre la Guinée et la France dans le but de permettre à des jeunes qui ont du talent d’obtenir un avenir brillant, leur communiquer l’ambition de pouvoir travailler. Je veux ‘’rapatrier mes connaissances acquises’’ ici et permettre à d’autres jeunes de venir en France pour suivre les mêmes formations que moi. Par ailleurs, actuellement je vis ici avec ma famille, je suis marié.

AFALADE : Vous tenez beaucoup à la formation, pourquoi avez-vous choisi le journalisme international numérique?

H.C.B :C’est un choix judicieux, le monde est interconnecté. Nous vivons dans un village planétaire, ce qui se passe en Guinée d’une manière ou d’une autre à des répercussions ici en France vice versa. Au Cameroun pareil. L’idée est d’avoir une connaissance plus large de comment les choses se passent dans le monde afin de trouver des solutions internationales numériques. La formation c’est ce qui nous permet de sortir de l’ombre pour aller vers la lumière. La formation j’y tiens énormément. D’ailleurs ici, je propose des formations auprès des jeunes afin de les initier sur des techniques de filmage d’écriture de reportage, j’envisage de reproduire les mêmes ateliers en Guinée pour apporter mon savoir-faire aux jeunes soif de connaissances. J’ai failli même apporter mon peu de connaissances a l’ISIG mais malheureusement le Directeur Général qui y était ne l’est plus, du coup les démarches envisagées dans ce sens n’ont plus abouti.

AFALADE : Parlons de votre actualité, vous avez récemment gagné un prix, de quoi s’agit-il, est-ce que c’est le premier prix que vous décrochez ?

H.C.B :Mon dernier film vient de remporter un prix lors du Festival de L’Acharnière à Lille. Ce festival de cinéma a vu la projection de plus de 50 films. Le prix qui m’a été décerné consiste à une aide à la production pour mon prochain film que j’envisage de faire. Pour le moment je n’ai reçu ni trophée encore moins d’attestation. Mais, il y’a une communication sur la page facebook du festival. Alors non ce n’est pas le premier prix que je gagne. En effet, ce qui est à l’origine de la création de l’association phare interculturel c’est un prix aussi. En 2017 j’ai été lauréat de Lyon In Move c’est une rencontre qui se passe à Lyon qui était censé récompenser les jeunes qui font bouger la métropole de Lyon. Faisant partie des lauréats, j’ai bénéficié d’une aide de la création de la web-tv pour notamment l’achat de matériel audiovisuel devant servir à ma web-tv. C’est mon premier prix gagné en France. J’ai aussi décroché un prix à Vichy avec l’association Sur les Pas d’Albert Londres. C’est le prix du 48h reportage sur Smartphone. J’ai eu le prix du public pour un reportage sur l’eau. J’ai également d’autres prix avec d’autres associations.

AFALADE : Merci Hammady !

H.C.B : Merci pour cet entretien.

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