Mamadou Yaya BALDÉ : Un homme qui construit sa carrière, un citoyen modèle (interview exclusive)

Âgé de 31ans, Mamadou Yaya BALDÉ est journaliste politique et essayiste. Ce guinéen vit dans la capitale sénégalaise Dakar depuis 2012. Diplômé de la 43ème promotion du Centre d’Études, des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI), il est titulaire d’une licence en journalisme (option télévision) et d’un Master 2 en « Médias et communication « , option « Communication politique et des Institutions « .

Mamadou Yaya Baldé, occupe le poste de Chargé de communication au Groupe Supdeco Dakar actuellement. Supdeco est la première Business School du Sénégal. Le groupe est présent dans trois (3) pays d’Afrique Sénégal, Gambie, et Djibouti. Journaliste, il a été le correspondant de la chaîne de télévision israélienne francophone internationale, i24 News, au Sénégal.

Mamadou Yaya Baldé c’est aussi un passionné des questions politiques et de citoyenneté. Natif de Tougué (une préfecture de la moyenne guinée), il a toujours accordé du temps à la vie associative. Pour celui qui connaît Yaya, il a successivement été Président du Réseau des Boursiers et Anciens de la Fondation politique allemande Konrad Adenauer (REBAFKA) et Président de l’Amicale des Élèves, Étudiants et Stagiaires guinéens au Sénégal (2018).

Auteur d’un essai de 202 pages intitulé « Guinée : une République en quête de citoyens  » (2019), M. Baldé est détenteur de deux prix dont un continental: « Prix Adenauer et Senghor : modèles de la jeunesse d’aujourd’hui  » et lauréat du « Prix Citoyen Modèle Africain 2021 » dans la catégorie « Jeune Leader Africain  » décerné par l’organisation « Club Model ». Comme annoncé dans l’un de nos précédents articles http://afalade.com/?s=yaya+balde , nous vous invitons à découvrir l’homme dans cet entretien exclusif accordé à notre rédaction depuis Dakar.

AFALADE : Bonsoir M.Baldé.

M.Y.B : Bonsoir Madame Maimouna !

AFALADE : De l’école élémentaire de Ballama à l’université de Dakar, actuelle Cheikh Anta Diop, relatez-nous ce pan sans doute ‘’très grand’’ de votre vie.

M.Y.B : Par-dessus tout, je tiens à vous remercier pour cette perche que vous me tendez pour partager avec vos lecteurs le modeste parcours qui est le mien. Ceci dit, permettez que j’emprunte au jargon cinématographique le terme « ellipse » pour vous signifier d’emblée qu’il y a tellement de choses à dire que je serai obligé de passer sous silence beaucoup d’aspects qui mériteraient, peut-être, pourtant d’être relatés. D’abord, je suis issu d’une famille modeste. Puis, j’ai eu une enfance villageoise foutanienne avec tout ce que cela implique comme éducation rigoureuse, intransigeance face aux valeurs et sens de l’honneur et de la dignité. Comme la majeure partie des cadres peuls, je suis entré à l’école française après avoir été solidement initié dans l’apprentissage du noble Coran (à l’âge de 8 ans et j’écrivais déjà pour moi-même). Mieux, en première année de l’élémentaire, j’ai eu la chance d’avoir un instituteur extrêmement rigoureux, compétent et surtout expérimenté qui m’a permis d’avoir une formation de base très solide. Cet enseignant vit encore et je profite de vos lignes pour lui rendre hommage : M. Ibrahima Sandaké Baldé. Qu’Allah le garde encore longtemps à nos côtés. Grâce à cette bonne formation de base reçue, je n’ai jamais redoublé une classe durant toute ma formation y compris pour les classes d’examen.

A l’école primaire et au collège, j’étais un élève bien (toujours dans les 5 premiers), très bien au lycée (1er de ma classe tout le lycée et 74ème de la République au Bac en Sciences sociales en 2010).  Quant à l’université, j’étais aussi bien. J’ai terminé vice-major de ma promotion, à notre sortie en 2015 au CESTI. A ce stade, un fait mérite d’être souligné : de la première année de l’élémentaire au Master 2, je n’ai jamais étudié dans une école privée. Je suis donc, un pur produit de l’école publique guinéenne et sénégalaise. Je rends donc hommage à l’école de la République, l’école publique. Au nom de l’égalité des chances, cette école publique devrait être renforcée. Nous en avons encore besoin dans nos Etats actuels. Contrairement à beaucoup de mes camardes à l’université, j’entreprends très peu ou pas. Si je vous dis que je ne sais même pas faire des omelettes, ça peut donner envie de pouffer mais, c’est cela la réalité.  Je n’ai rien associé à mes études. C’était ma seule priorité. Sur le plan professionnel, j’ai obtenu mon premier emploi au quotidien privé sénégalais élitiste EnQuête après un stage concluant dans la même publication sur recommandation d’une amie très gentille, Marlyatou DIALLO.

En vérité, ma venue à Dakar aura été un tournant décisif dans ma trajectoire personnelle et professionnelle. C’est dans cette ancienne capitale de l’AOF où j’ai réellement pris goût à la chose publique, à la citoyenneté, à la recherche et à l’engament citoyen. Dakar, c’est le déclic de mon engament au sens large et noble du terme (engagement dans la vie associative, dans l’écriture, etc.).

AFALADE : Mamadou Yaya c’est aussi un jeune modèle avec plusieurs prix, que ressentez-vous à chaque trophée ? Par ailleurs, c’est de plus en plus difficile d’être un jeune ‘’parfait’’ dans un monde où ces derniers sont instrumentalisés sur le continent, quel est le secret, pour être un citoyen modèle (vous l’êtes déjà vous)?

M.Y.B : Devant chaque trophée, je suis partagé entre un fort sentiment de joie et une nécessaire retenue qui commande et invite à l’humilité. Je le dis et répète partout : une distinction n’est pas un privilège, c’est une responsabilité, un défi. Bref, une charge morale et sociale très pesante à porter. Quand j’accomplis un quelconque exploit, une quelconque victoire, ce que je cherche à éviter tout le temps, c’est de paraître arrogant, donneur de leçon, quelqu’un de suffisant.  Personne n’est plus intelligent que les autres.

Vous avez tellement raison de souligner que, nous jeunes, sommes manipulés qu’aujourd’hui, nous exécutons et jouons des rôles tristes, parfois cyniques et tragiques. Nous sommes conditionnés et influencés et dépendants de beaucoup de choses : l’argent, le luxe, le bling-bling et les réseaux sociaux.  J’ai peur pour cette génération Tiktok, android hyper connectée. Les jeunes sont très connectés mais restent sur des futilités et des bêtises. Les réseaux sociaux deviennent, pour beaucoup, ‘’dessocialisantes’’. Il me paraît donc urgent de former nos jeunes et nos enfants sur les avantages et inconvénients de ces outils de communication de masse. Car les valeurs sociales sont en train de sauter à une vitesse extraordinaire. 

Pour moi, il n’y a pas de miracle. Le seul secret, à mon avis, repose sur l’amour de la connaissance et du savoir (j’insiste beaucoup sur la lecture), avoir le sens des priorités (savoir ce qu’on veut et dépenser son temps utilement), l’envie de réussir et surtout la patience que beaucoup de jeunes que nous sommes avons tendance à perdre. Paris, dit-on souvent, ne s’est pas faite en un jour.

Mamadou Yaya BALDÉ, journaliste politique et essayiste.

AFALADE : Comment êtes-vous devenu écrivain. De plus en plus de jeunes se sont orientés dans ce secteur. Que faut-il pour l’être ?

Moi-même, je n’en sais pas trop sur le comment me suis-je retrouvé dans l’écriture. Néanmoins, je ne me considère pas encore comme un écrivain. Plutôt, un passionné de l’écriture. J’aime beaucoup collectionner et lire les essais, les mémoires des grandes personnalités et un peu de fiction (romans) pour améliorer mon vocabulaire et enrichir mon style.  

Un jour, j’’ai lu une interview de l’écrivain congolais, Henry Lopès, qui conseillait aux jeunes voulant se lancer dans l’écriture ceci : « Si vous voulez être écrivains, il faut avoir quelque chose à dire et surtout la manière de le dire ». Pour moi, il y a beaucoup de jeunes assoiffés de titres et voulant remplir des cases de leurs CV qui, de nos jours, se lancent dans l’écriture, sans aucun bagage linguistique solide et une culture générale. C’est une entreprise aux motivations inavouées qu’il convient de dénonce, avec véhémence, pour ne pas désacraliser cette noble forme d’expression de la pensée : l’écriture. Pour moi, c’est scandaleux de voir des jeunes qui n’ont même lu 10 ouvrages généraux ou spécifiques et qui ont l’audace de se lancer dans l’écriture de je ne sais quoi. Ça doit cesser. Les comités de lecture des maisons d’édition devraient être plus regardants dans la sélection des manuscrits qui leurs sont présentés pour diffusion.

AFALADE : Vous avez été, à un moment donné, correspondant de i24NEWS, pour les jeunes étudiants dans le milieu et même les professionnels des médias qui vont lire cet entretien… Comment devenir correspondant et surtout comment trouver du travail avec les médias internationaux ?

M.Y.B : Rien de spécial. Il faut juste avoir une bonne formation de base et savoir saisir certaines opportunités qui se présentent devant nous. Pour mon cas, j’ai eu la chance d’aller en Israël jusqu’au siège de la télé i24 News et visiter ses locaux à Tel-Aviv. A mon retour à Dakar, j’ai constaté qu’ils n’avaient pas un correspondant ici. J’ai fait un mail à la direction générale d’i24 News pour leur proposer mes services. Ils ont accepté et demander un test en direct. A l’issue du test, ils m’ont retenu et facilité mon accréditation le lendemain même. C’est parti comme ça.

AFALADE : Vous vivez au Sénégal depuis plusieurs années, vous comptez rentrer quand pour servir votre pays, la Guinée ?

M.Y.B : Lorsque le pays aura besoin de moi. Jusque-là, j’étais en train de me former et je suis en train d’acquérir de l’expérience professionnelle pour être utile, le moment venu.

AFALADE : Président du Réseau des Boursiers et Anciens de la Fondation politique allemande Konrad Adenauer (REBAFKA) et Président de l’Amicale des Élèves, Étudiants et Stagiaires guinéens au Sénégal (2018), que retenez de vos passages au sein de ces associations et comment les intégrer pour ceux qui vivent ou non au Sénégal ?

M.Y.B : Au sein du Réseau des Boursiers et Anciens Boursiers de la Fondation Konrad Adenauer, je n’ai pas appris grand-chose. Là-bas, il y avait des boursiers très disciplinés avec une situation financière plus ou moins stable pour chacun d’entre nous. Le budget de notre Réseau est dégagé chaque année par la Fondation à laquelle nous sommes affiliés. Bref, il y avait très peu ou pas de problèmes. De mon élection à la démission de mon bureau à la fin du mandat, il n’y avait pas de tensions, ni de problèmes internes.

Cependant, au sein de l’Amicale des Elèves, Etudiants et Stagiaires guinéens au Sénégal, tout était problématique : de l’élection à l’assemblée générale élective à la fin de mandat. Tout était à chercher : même les salles de réunion du bureau, les activités à organiser, le budget. Avec un soutien dérisoire voire inexistant de l’ambassade à l’époque. J’espère que ça a changé. Mais c’est vraiment là que j’ai appris beaucoup de choses :  monter des projets, manager des hommes (ce que je n’ai pas toujours bien réussi d’ailleurs), chercher des financements, et savoir mes points forts et faiblesses en terme de leadership. Pour leur intégration, il suffit juste de s’engager et d’avoir un peu de chance.

AFALADE : La Guinée, c’est aussi sa culture, elle est d’ailleurs riche et variée, est-ce que la diaspora guinéenne vivant au Sénégal ‘’l’exploite vraiment’’. Des évènements liés à la culture sont-ils organisés ?

M.Y.B : Oui, madame ! Rien que l’Amicale des Elèves, Etudiants et Stagiaires guinéens au Sénégal que je connais le plus, organise, chaque année, 3 événements culturels importants : la traditionnelle journée culturelle au CICES, avec la présence d’un célèbre artiste guinéen, Miss Guinée Sénégal et le Prix littéraire Camara Laye, concours d’écriture de nouvelles ouvert à tous les Africains et Guinéens vivant au Sénégal.

Mamadou Yaya BALDÉ, journaliste politique et essayiste.

AFALADE : Mamadou Yaya Diallo nous vous remercions

M.Y.B : C’est à moi.

La Rédaction

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