Prix des jeunes écritures RFI-AUF 2021 : Sékou Oumar Sylla sort victorieux
L’auteur dédie son Prix à la Guinée et à l’Afrique toute entière ! Dans ce concours pour le Prix des jeunes écritures RFI-AUF 2021, il y avait seulement deux Prix. Mon texte l’art de la vie et de la réussite a récolté … A quelques heures de la grande nouvelle de sa victoire au sein du concours, nous avons joint le jeune guinéen talentueux pour une interview. Sékou Oumar Sylla répond aux questions de notre rédaction.
AFALADE : En premier lieu, toutes nos félicitations M.Sylla, pour ceux qui ne connaissent pas Sékou, qui êtes-vous ?
Merci à vous. Je suis Sékou Oumar Sylla, aspirant auteur, économiste junior et entrepreneur en devenir. Récemment diplômé en finance d’entreprise de l’Institut Supérieur de Commerce et d’Administration des entreprises. Je suis en passe de décrocher mon deuxième master en économie et management public de l’Université de Lille (France). Parallèlement, je suis un peu à fond dans les business, notamment dans le monde du digital et du commerce en ligne. C’est tout. Je pense que j’ai fait le tour.
AFALADE : Vous avez été lauréat avant de partir pour le Maroc, expliquez-nous ces moments ?
Effectivement, j’ai eu la chance de finir le bac session 2016 en étant 12ème de la République en Sciences mathématiques. Ce qui m’a donné droit à une bourse gouvernementale au mérite pour étudier dans une école de Commerce au Maroc. Mon expérience de boursier d’Etat m’a donné quelques leçons en ce qui a trait au fait d’être lauréat. Primo, il n’est pas lauréat qui le veut, mais c’est quand Dieu le veut aussi. Tu as beau travailler, si l’Eternel ne guide pas tes pas, ça ne va pas le faire. Secundo, être lauréat est un véritable défi en soi. Notre pays dispose d’une pléthore d’élèves brillants et courageux. Arriver à se distinguer parmi tous ces étudiants en étant parmi les premiers, c’est un objectif qui exige l’esprit de sacrifice, beaucoup de travail et une abnégation à toute épreuve.
Tertio, ce ne sont pas les moyens de vos parents qui vous permettront d’être lauréat. Comme la plupart des compétitions, c’est une question de mentalité. D’aucuns pensent qu’ils peuvent réussir au bac et être lauréat. Par conséquent, ils s’en donnent les moyens. D’autres pensent qu’ils ne peuvent pas l’être parce qu’ils ne sont pas nés sous la bonne étoile ou pour une autre raison. D’autres encore veulent juste décrocher le bac avec un 10 de moyenne (juste pour ne pas mourir). Une dernière catégorie d’élèves estime que réussir au bac n’est tout simplement pas fait pour eux. Dans les quatre cas, ils ont tous raison. J’aime à le répéter : nos barrières sont d’abord mentales avant de devenir physiques.
AFALADE : Au Maroc vous avez fait combien d’années, est-ce facile d’étudier dans ce royaume, et quelles ont été vos difficultés ?
Mon modeste parcours était censé normalement s’étendre sur 5 ans. Mais j’ai finalement passé quatre merveilleuses années sur le sol du Royaume Chérifien et deux semestres en France.
Boursier d’Etat en 2016, j’ai commencé à l’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion. C’est une sorte de classes préparatoires intégrées qui, si on le souhaite, nous préparent relativement à passer le concours d’accès à l’Institut Supérieur de Commerce et d’Administration des Entreprises (Groupe ISCAE, Maroc). De cet institut, j’ai eu la chance et l’honneur de bénéficier d’une bourse d’échange Erasmus de la Commission européenne pour passer un semestre à l’Université de Lille. Par la suite, et à force de travailler, d’autres opportunités se sont présentées à moi en France. Ce qui a fait que, pour l’année académique 2020-2021, j’étais quelques mois en France, puis quelques mois au Maroc.
Le Maroc est un pays formidable pour les études. Il y a beaucoup de facilités (accès au wifi, ouverture au monde, programmes constamment révisés…) par rapport à la Guinée.
Concernant les difficultés, elles se trouvent notamment au niveau des bourses du gouvernement guinéen. En effet, en plus d’être d’un montant dérisoire (50 dollars/mois, depuis plusieurs décennies déjà), il y a beaucoup de retard dans la paie des bourses. Pire, certains étudiants ont parfois la malchance d’être omis de la liste de paie. Dans ces genres de situation, c’est extrêmement difficile de s’en sortir, surtout lorsqu’on est issu d’un milieu défavorisé.
AFALADE : Pourquoi poursuivre vos études en France ?
Pour moi, il est clair que la France fait figure de référence dans nombre de domaines, y compris celui de l’éducation. Le diplôme français peut être un véritable passeport pour travailler dans quantité de pays sur les cinq continents. Par ailleurs, j’ai certains projets qui s’adaptent mieux au contexte français.
AFALADE : vous êtes lauréat Prix du Public/ Prix des jeunes écritures RFI-AUF 2021, quels sont vos sentiments, est-ce que c’est le 1er prix que vous remportez ?
Je suis très content d’avoir pu remporter ce Prix. Je tiens ici à remercier tous ceux qui y ont contribué d’une façon ou d’une autre. C’est vraiment très encourageant pour moi qui, à l’école primaire, avait l’habitude de cacher mes écrits par peur des critiques et regards extérieurs.
Dans ce concours pour le Prix des jeunes écritures RFI-AUF 2021, il y avait seulement deux Prix. Le Prix du public, qui dépend du nombre de voix récoltées par chacune des 418 œuvres en compétition. Puis, le Prix du jury qui dépend de la décision souveraine des jurés dont Madame Djaïli Amadou Amal, auteure de “Les Impatientes”, Prix Goncourt des Lycéens 2020, est la présidente. Mon texte l’art de la vie et de la réussite a récolté le plus de votes (plus de 5.300 voix) auprès d’un public international et francophone. C’est un Prix que je souhaite dédier à la Guinée et à l’Afrique toute entière.
AFALADE : Vous comptez rentrer en Guinée un jour ?
Absolument. Vous savez, j’ai passé le plus clair de mes études dans les établissements publics guinéens, donc au frais du contribuable guinéen. Pour cela, je me suis fixée cette obligation morale et citoyenne d’apporter un jour, à notre pays, mes modestes connaissances et compétences. J’entends y apporter ma pierre à l’édification socio-économique. Je le fais déjà par le biais de certains travaux “scientifiques” que j’ai réalisés dans le cadre de mes études et ce, tant au Maroc qu’en France.
La Rédaction