Mamdy Kaba, un autodidacte ‘’parfait’’ dans l’art

Dans une ambiance décontractée, nous avons tendu notre micro à un acteur majeur de l’Art en Guinée. Autodidacte dans l’âme, il s’est donné les moyens de sa réussite en se formant. Lors de la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) qui s’est déroulé cette année du 16 au 23 octobre dans la capitale du Burkina-Faso, Mamdy a remporté un prix. Découvrez un jeune guinéen visionnaire qui se bat dans ‘’l’ombre’’ pour apporter un plus à la vie culturelle dans notre pays.  Mohamed Kaba alias Mamdy est notre invité. Bonne lecture.

AFALADE : Mamdy bonsoir, vous êtes artiste polyvalent autodidacte, comment avez-vous appris tant de métiers ? 

MAMDY : En effet, autodidacte, je me suis d’abord intéressé à l’infographie et à la 3D sur internet depuis ma chambre. Puis ma curiosité m’a amené à exercer et apprendre toujours de façon non conventionnelle beaucoup d’autres métiers tels que : la photographie, celui de commercial, web designer, monteur, cadreur, etc…. J’ai aussi beaucoup appris de mes rencontres avec des personnes d’exception.

AFALADE : Au récent FESPACO 2021, vous avez gagné un prix, parlez-nous de cette victoire. Que faire pour que la Guinée puisse participer à cette grande rencontre du Cinéma chaque année ?

MAMDY : Oui j’y ai participé, avec un de mes courts métrages du nom de « la vallée de DINKAN » qui fut officiellement sélectionné dans la catégorie animation. Malheureusement je n’ai pas pu me rendre à la cérémonie qui s’est tenue à Ouagadougou, pour des raisons professionnelles, mais j’ai eu l’agréable surprise de gagner le deuxième prix de la section « animation Fespaco 2021 ».

Pour répondre à la dernière question, sachez avant tout que je n’ai pas la prétention d’avoir la solution au problème. Ceci étant, à mon humble avis, en fonction des freins personnels rencontrés à savoir l’accès à la technologie et aux super matériaux de tournage, je pense que si le ministère de l’art subventionnait l’achat de ces bons matériaux utiles mais très couteux pour de jeunes producteurs et le louait à des prix raisonnables, le cinéma ferait un boom considérable en terme de qualité donc plus de chance d’avoir plus de Films Guinéens sélectionnés au Fespaco.

AFALADE : Vous avez une compagnie dénommée WaouDesign, quels sont les travaux que vous réalisez ?

MAMDY :  Waoudesign est une boite de communication et de création. Je l’ai créée à ma deuxième année d’université en 2012. Depuis, mon équipe et moi avons travaillé sur pas mal de projets tels que :

  • Symposium des mines (logo et tous les visuels de la première édition) 
  • Conakry capitale mondiale du livre (tous les supports de communication pour l’obtention du titre, le documentaire présenté à l’Unesco)
  • Ebol’art un projet de l’ambassade d’Espagne 
  • Guilab (le logo et les premiers supports de communication)
  • RTG (le logo et quelques jingles)
  • SMB (logo)
  • Campagne présidentielle 2015 (d’abord comme simple monteur, j’ai fini responsable technique du journal de campagne pour l’ancien président en exercice)
  • Parallèlement la structure a formé des techniciens qui sont de nos jours tous indépendant.

Aujourd’hui, j’ai un nouveau bébé, qui se nomme « créative space by mamdy », qui comme le nom l’indique est un espace de partage et d’apprentissage pour tous ceux qui ont une fibre artistique.

AFALADE : Mamdy c’est votre nom d’artiste ? Présentez-vous à nos lecteurs.  

MAMDY : Petite blague, ce surnom est tellement connu de tous que même moi je me perds parfois et en vient à dire que c’est mon prénom. La preuve, j’ai un certificat au nom de mamadi kaba (lol). 

Trêve de plaisanterie, je me nomme donc réellement Mohamed Kaba, je dirais de moi que je suis un nomade de la création et un rêveur. J’ai appris et maîtrisé (exercé) beaucoup de métiers de créations et d’art et continue toujours d’apprendre d’ailleurs. Voici quelques métier ou compétences que j’exerce : Infographe, cadreur, monteur, directeur artistique, Photographe, Web designer, Designer 3D, Motion designer, dessinateur, Création et animation 3D & 2D, scénariste, consultant en communication et maintenant réalisateur. Pour ma prochaine aventure, je vise le développement de jeux vidéo.

AFALADE : Vous êtes sur un projet collectif où vous initiez des jeunes ‘’aux nouveaux métiers’’ quels sont ces métiers ?

MAMDY : Oui, même que je vous en parlais plus haut il s’agit de la « créative space by mamdy ». Les métiers que j’y développe sont nombreux mais je vais essayer d’en citer quelques-uns.  Tout d’abord, j’appelle ça l’évolution des métiers. Je trouve que la technologie façonne chaque jour notre vie et cela dans tous ses aspects.

Dans la créative space nous trouvons donc :

  • La sculpture numérique dont les avantages sont nettement plus nombreux que celle classique, à savoir : aucune perte de matière première en cas de défauts, et la vente à l’infini de la même œuvre. Car oui, aujourd’hui il existe un grand marché de vente de model 3D (sculpture numérique) et celles-ci sont utilisées dans l’industrie du cinéma, des jeux vidéo et de l’animation.
  • La couture numérique, et ces innombrables possibilités qui ont vu le jour depuis la création de l’imprimante 3D. Celle-ci ne se limite plus aux simulations de modèles des couturiers, non, les vêtements numériques sont prisés dans le cinéma, la pub, les jeux vidéo et les films et ces vêtements nécessitent la même compétence que celle d’un tailleur professionnel. A noter encore qu’il existe tout un marché où l’Afrique peine à être présente mais pourtant on a tant à offrir en terme de design… 

En fait, le centre est un espace où chacun peut venir apprendre, partager et surtout créer. Mon ambition est, si possible, celle de mettre à la disposition des jeunes les technologies actuelles de créations ou juste pouvoir leur montrer la voix. Créer avec ce qu’on a, mais créer sans limite.

AFALADE : Est-ce que les métiers de l’art ont un avenir en Guinée ?

MAMDY : Oui j’y crois. Dans ma vie j’ai rencontré des talents bruts qui ont juste besoin d’être orienté par des personnes compétentes qui savent de quoi elles parlent. Prenons un centre créatif qui est géré par un homme de lettres. Si lui-même ne comprend pas ce que je fais comment peut-il m’aider à progresser ? A ce moment ce sera juste un opportuniste qui essaie de vendre ce que j’ai même si cela est bancal.  Il y a quelques années nous avons assisté à deux révolutions technologique, le casque VR (réalité virtuel) et l’imprimante 3D. A leur sortie, pratiquement tous les pays du monde les ont achetés et intégrés à leurs centres ou écoles.

Aujourd’hui, ces technologies sont utilisées dans presque tous les domaines (médical pour les prothèses par exemple, industriel pour la fabrication de pièces, bijouterie pour les concepts de bijoux, médecine légale pour la reconstruction de scènes de crimes et j’en passe…). Pendant ce temps, nous avons des mentors qui ne connaissent de l’informatique que les réseaux sociaux et leurs mails.  Le problème de l’art en guinée n’est pas un manque de talents mais juste un manque de mentors compétents et visionnaires. Et pourtant, l’art et la technologie de nos jours ne font qu’un. Pour son avenir, nous avons besoin de personnes qui s’en préoccupent.

AFALADE : Merci Mamdy

MAMDY : Merci Maimouna sow…   

 La Rédaction

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